Message
par Pénombre » 10 déc. 2010, 14:46
Attention, le fonctionnement par escouade n'est pas obligatoire du tout. Il est induit par le fait que l'ordre hilderin a traditionnellement affaire à une menace dangereuse (les feondas) et qu'il est devenu petit à petit un instrument du pouvoir royal. Et rien de plus.
A l'inverse, considère les ronces qui sont chargés à la base d'escorter des caravanes, et bien Quentin Erward agit généralement seul, ou avec un élève, et fonctionne davantage selon l'axe "redresseur de torts itinérant" de l'ordre.
Les organisations ont - quelle que soit l'organisation - des modes de fonctionnement préférés, voire traditionnels. Mais ils ne sont en rien obligatoires. Daernic est un sigire qui agit en solo, alors qu'il peuvent très bien opérer en groupe. Urvan est un futur chevalier-lame, mais il n'a pas de mentor de cet ordre. Nombre de magientistes font partie d'une loge, et se rattachent à l'une des trois grandes écoles de leur ordre, mais tu as des magientistes qui opèrent en solo, ou ne sont assistés que par des spécialistes extérieurs à leur ordre (ouvriers, mercenaires, artisans...).
D'une façon générale, l'organisation d'un groupe du point de vue ludique permet plusieurs choses :
- d'offrir des exemples de situation ou l'on voit le groupe en action. Ca permet d'affirmer son identité. A contrario, par exemple, si les hilderins fonctionnaient uniquement comme des chevaliers errants solitaires, on serait dans un tout autre rôle que le leur.
- d'amener le joueur et le meneur à se positionner dans la création de perso : est ce qu'un PJ suit la "norme par défaut" la plus évidente du groupe auquel il appartient, ou pas ? S'il ne la suit pas, pourquoi ? L'a t'il fait par le passé ? Si son groupe est fortement hiérarchisé, le fait qu'il soit en solo est-il le résultat d'un ordre, d'une disgrâce, d'un concours de circonstances, d'autre chose ?
Dans ton cas précis, Lugh, est ce que les feondas responsables de la mort de la femme du PJ sont considérés comme une affaire privée, ou concernant l'ordre ? De fait, vu la vocation des hilderins, l'ordre a peu de chances de laisser passer ça. Ce qui induit la question suivante : est ce que ton PJ est en mission ou est ce qu'on le laisse faire en partant du principe qu'il servira les intérets de l'ordre en traquant les meurtriers de sa femme ? D'ailleurs, si par exemple le PJ a été cantonné dans un bastion, avec son épouse, il se peut que plusieurs de ses compagnons d'armes aient péri également lors de cet évènement. Que sa vengeance perso se greffe sur une problématique ou il doit aussi venger ses frères d'armes.
Tu peux aussi tordre les choses : et si pour une raison X ou Y, des dirigeants de l'ordre en étaient arrivés à penser - à tort où à raison - que quelqu'un a aidé les feondas à ce moment là. Quelqu'un qui est mort, ou qui a disparu. Genre... un autre membre de l'ordre. On peut demander au PJ - qui a déjà deux raisons évidentes de courir les routes (les hilderins tuent les feondas et il a perdu sa femme face à eux) d'en profiter pour mener une enquête discrète. L'ordre n'a pas envie si la vérité est ce qu'ils redoutent qu'elle devienne publique. Ou au contraire, ils peuvent menacer le PJ - seul survivant de l'escouade - d'être déshonoré s'il ne trouve pas le "vrai coupable".
Va encore plus loin : le PJ a été blessé - inconscient - durant le combat, ou il était en mission et n'a trouvé que des ruines embrasées et quelques cadavres. Aucun survivant, officiellement. Mais il y a ce soupçon dont on lui a parlé, sur Sire X, le traitre potentiel. Sire X qui a parfois regardé la femme du PJ d'un air intéressé, par le passé. Ou qui était autrefois son prétendant. Et si... son épouse n'était pas morte, mais en cavale avec le traitre ? Ou peut-être qu'elle est bien morte, mais qu'il ne peut s'en assurer qu'en prouvant que X vit toujours et en lui mettant la main dessus. Et puis, allons plus loin : et si X est le favori du commandeur du PJ, qui a préféré "l'autoriser" à poursuivre cette quête en sachant que tant qu'il courra les routes, il ne remontera pas la piste interne à l'ordre et qu'avec un peu de chances, les dangers de la route le tueront. Ou Sire X, prévenu que le PJ est sur ses traces.
La société tri-kazélienne n'est pas si normative et formaliste que l'on ne puisse justifier pas mal de choses de manière simple et intéressante.
Imagine la tête de ton joueur, qui s'invente un amour tragique et mort, et qui découvre qu'on l'a envoyé sur les routes pour éviter qu'il gène les vrais responsables, qu'il n'y a jamais eu de feondas ce jour là, et que sa femme est encore vivante, et la maitresse d'un autre hilderin, officiellement décédé, mais qui - par exemple - écoule le butin de la forteresse pillée et sert d'intermédiaire entre des criminels et le haut responsable de l'ordre qui a organisé ce casse maquillé en massacre feond. Ce même responsable qui a dit au PJ "je comprends votre peine et c'est une affaire d'honneur. Allez donc tuer des feondas pour venger vos frères d'armes et votre épouse, vous avez ma bénédiction"...
Ce que nous écrivons dans la gamme officielle des Ombres d'Esteren n'est pas "la vérité" inaltérable et absolue.
Mais juste ce que nous écrivons.
Si quelque chose ne convient pas à vos besoins, faites comme d'habitude : changez le.