"Et toi, combien de morts dans ton historique ? "

[Pierstoval]

Moi j'ai souvenir d'avoir fait un seul personnage dont la famille était morte. C'était un Drow, sur D&D

Là, j'ai fait une campagne de Warhammer V2 pendant 1 an et demie, mon perso n'avait aucun mort dans sa famille, sauf sa sœur, qui avait été jouée par ma chère et tendre qui avait décidé de la faire tuer sauvagement.
Donc pour moi, ça compte pas

Ce perso venait d'ailleurs d'une famille bourgeoise nombreuse (8 enfants) vivant avec le reste de la famille (cousins, grands-parents...) dans un complexe agricole (cultures, bétail..) qui formait un relai très connu entre deux grandes cités, ce qui faisait de mon personnage le seul ayant une vraie famille

[Elwe]

Concernant ma table :
- le sigire : toute la caravane Tarish du PJ sauf lui, seul survivant. Après cela, une grande quantité de meurtres divers puisque le perso est Sigire option assassin !
- la demorthen : la mère de la PJ quand elle était enfant, tuée par son mari qui la battait (il fut exilé).
- le magientiste: la sœur du PJ, utilisé comme matière première pour une vivisection par un étudiant en magience un peu dérangé. Ce dernier fut tué par le PJ lorsqu'il découvrit la scène (et on peut le comprendre !)

Dès qu'il y a une tuerie de masse dans l'historique d'un PJ, ça fait considérablement augmenter la moyenne, donc c'est un peu normal que le taux de mortalité dans les historiques soient si élevé.
Pour les justifications, je dirais que les drames forcent les PJ à faire des choix extrêmes, déterminant des comportements que les joueurs peuvent trouver intéressant à jouer. Difficile de lancer dans une quête un pécore tranquillement installé avec sa femme et ss 4 enfants dans une ferme confortable au milieu des champs ! Pas impossible, mais difficile et souvent bien moins intéressant (bien que le défi puisse être motivant).
Et puis ça change du quotidien ! (enfin j'espère ! ^^ )

[Pierstoval]

Difficile de lancer dans une quête un pécore tranquillement installé avec sa femme et ss 4 enfants dans une ferme confortable au milieu des champs ! Pas impossible, mais difficile et souvent bien moins intéressant (bien que le défi puisse être motivant).
Et puis ça change du quotidien ! (enfin j'espère ! ^^ )

Tu rigoles ? J'ai joué une fois une partie de Warhammer V2 en convention où l'action se passait dans une grande cité qui s'apprêtait à être frappée de plein fouet par une armée du Chaos.
Et nous ne jouions pas des héros, mais genre un aubergiste, un allumeur de réverbères, une cuisinière, une vieille apothicaire, un soldat minable, etc.
Et tout le monde quasiment avait une famille, surtout la cuisinière qui avait 2 gamins en bas-âge genre 4 et 5 ans, qqch comme ça, et l'aubergiste qui avait aussi deux enfants mais un peu plus âgés, environ une dizaine d'années.
Il s'est avéré, du coup, que nous avons du penser à "notre famille" avant de penser à nous lors de la défense de la cité. Confier les enfants aux prêtresses de Shallya n'a pas suffi, notamment la cuisinière l'avait fait, mais du coup, des prêtresses débordées par l'abondance de malades et de blessés, elles n'ont pas pu s'occuper correctement des deux gosses qui se sont enfuis, ce qui est normal ! De fait, l'aubergiste, lui, a gardé ses enfants près de lui et leur a donné une épée en bois, il a utilisé des armes de jet depuis le haut du rempart, et ses enfants ont pu se cacher derrière les créneaux et envoyer des cailloux aussi. C'était marrant, car hors des murs se trouvaient des centaines d'hommes-bêtes, au loin on voyait des magisters du chaos incanter des rituels, et quelques guerriers du chaos en armure noire, alors on avait beaucoup plus d'intérêt à gérer les traumatismes successifs des familles plutôt que la guerre en cours !

[Iris]

Hello !

Ce qui me parait intéressant dans les éléments soulevés, c'est en fait la question de la motivation des PJ qui semble poindre derrière le nombre de morts dans les historiques... (une impression en lisant, mais je me trompe peut-être)

Et dans ce cas, on en vient à s'interroger : Qu'est-ce qui motive un PJ à mener une existence dangereuse ? ... un drame ? la défense de ce qui lui est cher ? autre chose encore ? ... Est-il nécessaire d'être confronté à l'insoutenable pour agir ? ...


... il se trouve que j'en viens peut-être à cette question parce que je me la suis posée assez récemment, en m'interrogeant sur l'implication des PJ dans un cadre où la mort n'est pas aussi omniprésente qu'en Tri-Kazel (http://iris-d-automne.over-blog.fr/quel ... personnage)



D'où la question : pensez-vous pouvoir concevoir des PJ qui ne sont pas poussés à agir par une souffrance insoutenable et / ou un trauma qui de toute façon les marginalise (en les jetant sur les routes etc.)... ou bien la blessure initiale (la mort étant la plus emblématique) est-elle un élément dramatique essentiel ?

...

[Marax]

Exemple concret:
Mon médecin légiste à Delta Green (Cthulhu moderne, version agents fédéraux)
Aucun mort à part d'anonymes victimes de tueur, une sœur, un beau-frère, un neveu et une nièce, tous en parfaite santé.

Pas du tout prédestiné (c'est un vieux bonhomme un peu maniaque, sans histoire, simple laborantin au FBI), c'est l'"aventure" qui lui est tombée dessus. Le perso en lui-même n'a rien d'un homme de terrain ou d'un héros. Et aucun traumatisme ne l'a poussé à devenir quoique ce soit. Simplement, il aime la médecine mais n'est pas fan des gens en général. D’où la médecine légale.
Personne n'est mort...

Bon, après notre Mj (Mandragorus pour ceux qui connaissent) m'a fichu du surnaturel dans la pore au premier scénario... Mais aucun super pouvoir, aucune prophétie... Juste un concours de circonstances qui ont poussés nos persos à chercher des réponses à des questions qu'ils ne se posaient pas.

Bref, pas besoin d'un traumatisme pour lancer des gens "normaux" à l'aventure. Celle-ci peut très bien leur tomber dessus.

[Arthus]

...ou bien la blessure initiale (la mort étant la plus emblématique) est-elle un élément dramatique essentiel ?

En fonction des groupes que j'ai connus (et pas que pour Esteren), la réponse est clairement non. En général, les motivations pour partir à l'aventure chez moi sont l'ambition, l'obligation de faire face à un danger imminent, ou tout simplemet le désir d'aventure ou de voyage.

De manière plus précise, deux situations se présentent en général :

1) un ou plusieurs membres du groupe veulent acquérir un certain statut (devenir chevalier, barde, etc), et se lancent à l'aventure pour l'obtenir

2) Une menace tombe sur les pjs et leur communauté, alors qu'ils n'avaient rien demandé à personne (leur communauté se fait attaquer, la famine ou la maladie s'abattent sur la région, ils tombent par hasard sur un complot, etc)

Ces différentes approches ne nécessitent en rien d'avoir un groupe d'orphelins traumatisés. Au contraire, c'est beaucoup plus intéressant de faire vaciller leur santé mentale au cours de l'aventure!

Edit : donc au final, même constat que Marax. D'ailleurs, je me rappelle un jour avoir défini le pj de jeu de rôle de la façon suivante :

Le Pj, c'est le mec normal qui n'a rien demandé, et sur qui le destin va s'acharner en lui envoyant problème sur problème, de manière à ce qu'au final son histoire soit digne d'être racontée.

Mon mj de l'époque était entièrement d'accord avec cette définition!

Cette réflexion me rappelle d'ailleurs ce constat : les pjs de jeu de rôles ont TOUJOURS un destin, quoi qu'on en dise. Ils ont beau être les personnes les plus ordinaires du monde, ils vont forcément se retrouver dans une situation extraordinaire ciblée sur eux, et sur laquelle ils seront les seuls à pouvoir agir, qui va justifier l'aventure.

[Nero]

C'est intéressant.
Il est vrai que la plupart des Pjs ont tous un ou plusieurs morts dans leur Background, mais il arrive aussi que certains n'en ont pas un seul.

Je vais prendre pour exmple un PJ que j'ai rencontré sur Pathfinder. Dans son Bg, pas un seul mort. Il a juste été abandonné par ses vrais parents et a été élevé par des parents adoptif demi-elfe. Il a même une petite amie, un mentor et un métier (forgeron).

Le départ à l'aventure vient quand des pouvoirs magiques lui apparaissent et donc c'est sa quête de connaissance et de savoir d'où il vient qui va le pousser sur les grandes routes. Et c'est en fonction de ce qu'il va découvrir sur lui que tout cela va l’amener vers des situations que le commun des mortels ne connaitre jamais.

En extrapolant, et je m'aventure sur une pente savonneuse, j'ai envie de dire que la plupart des Pjs dont les BG comportent des morts, sont issues de joueurs qui ne veulent pas s'embarrasser d'attaches physiques et émotionnels et qui ne veulent pas chercher plus loin la cause d'un départ à l'aventure. Ceci vient peut-être des lectures de fantasy, comme Conan ou bien Salomon Kane, Batman etc... tous ces héros qui ont un lourds passé de morts.

On dénote beaucoup moins de personnage comme Drizzt Do'Urden où le personnage ne voit des morts apparaître qu'au cours de ses aventures. Le Pj fuit son foyer car sa manière de penser diffère des siens. Ceci vaut pour toutes les époques et tous les styles d'univers.


Personnellement, sur une partie PbF d'OdE, j'avais créé un varigal qui avait quitté son foyer, parce que ce dernier avait été exilé après avoir mis une rouste à un autre villageois. Ce dernier lui avait piqué sa copine. ^_^
Il se mit ensuite en couple avec une autre varigal, plus âgé que lui. Et voilà. Rien de bien folichons.

[Iris]

Si je résume ce que je lis...


1. Il y a beaucoup de PJ qui ont un Destin qui vient leur tomber dessus (qu'ils aient déjà été traumatisés ou que ce soit à venir ! )


2. Certains PJ cherchent l'aventure par goût ou en lien avec une passion (ambition, mystère...)


3. La mort est commode pour se débarrasser des proches dont on ne veut pas se charger ( )


... ?

[Arthus]

Selon moi, c'est presque ça!

En ce qui concerne le destin, TOUS les pjs sans exception en ont un. On pourrait résumer en disant que si un pj ne se jette pas spontanément dans les ennuis, les ennuis viennent forcément à lui... parce que c'est une condition sine qua non à l'existence de l'histoire.

Même le paysan ordinaire qui bine son champ de patates tranquillement sans rien demander à personne, il va forcément lui arriver un truc. Sa ferme va se faire attaquer, des nuages de sauterelles vont envahir son champ, il va se retrouver mêlé à un complot en offrant l'hospitalité à un quidam de passage... N'importe quoi, pourvu qu'il se passe un truc extraordinaire dans sa vie qui lui évite de continuer à biner tranquillement son champ de patates.

Concernant les passions, je suis entièrement d'accord avec toi, et je complèterais ta liste de la manière suivante : ambition (pouvoir), ambition (désir de reconnaissance), cupidité, amitié, amour, curiosité, idéal, vengeance, culpabilité.

Et enfin, en ce qui concerne les morts, je dirais que c'est effectivement un excellent moyen de se débarasser de ses attaches, mais c'est également une méthode facile et efficace pour se créer un background "dark et profond" très rapidement.

[Iris]

Coucou,

Concernant le destin, je trouve... que c'est pratique, mais un peu facile. Regardons les figures historiques marquantes. Personne n'avait de "destin", ça n'empêche pas d'agir ! ... Le roi conquérant décide de chambouler le monde pour fonder son empire ; l'enfant des rue décide qu'il refuse de vivre dans la misère ; le bourgeois érudit décide qu'il veut changer de vie, explorer les horizons lointains... Le destin est-il tombé sur Christophe Colomb ? ou les explorateurs des Pôles ? Les alpinistes qui risquent leur vie pour vaincre un sommet ?...

Il me semble qu'on a affaire au problème de l'aventure "réactive" (= le PJ subit le sort qu'on lui inflige) et l'aventure "pro active" (= le PJ est en partie moteur dès le début).

Je m'interroge de plus en plus sur le destin subi par les PJ. J'ai l'impression que ça nourrit facilement une tendance à la passivité chez certains Joueurs, au point qu'on a un "mon perso n'a pas intérêt à agir... pourquoi j'irais aider, ces gens ne sont personne pour moi..."

Concernant les passions, la liste peut être longue en effet !

Background dark & profond : du coup, si c'est si facile de faire un historique sombre et profond avec des morts... le défi est : comment en faire autrement...