Hello! Je vais essayer d'apporter quelques clarifications sur la situation, dans un but essentiellement informatif.
Pour être totalement transparent et honnête avec vous, je préviens que je ne suis souscripteur sur aucune des deux campagnes, parce que D&D ne m'intéresse plus trop en tant que système depuis la V3.5. Par contre, je suis assez proche de l'équipe d'Agate, dont je suis les travaux d'assez près via leur gamme "les ombres d'Esteren", et ce depuis plusieurs années. Je ne connais en revanche pas l'équipe de BBE (je sais juste qu'un membre de l'équipe s'appelle Damien, mais ça s'arrête à peu près là).
Ce contexte étant posé, voici mon sentiment sur la question : je ne pense pas qu'il soit possible de se faire un avis définitif et tranché sur la question en étant externe aux deux équipes. Il y a trop peu d'informations pour cela, dans un contexte émotionnel et complexe.
La seule chose que je puisse dire, avec toute la subjectivité qui caractérise cette opinion, c'est que ma collaboration de plusieurs années avec Agate me fait fortement douter des mauvaises intentions qu'on leur prête.
Les membres d'Agate ont commis certaines erreurs par le passé (la campagne Dearg, en un mot), tout comme BBE (avec Pavillon Noir), mais ces erreurs n'ont jamais été motivées par de la malhonnêteté. La preuve : le travail continue aujourd'hui, plusieurs années après, pour finir le travail et être honnête vis-à-vis des souscripteurs de l'époque. L'auteur a même profondément remis son travail en question pour cela.
Je pense que, dans cette situation, un auteur malhonnête aurait eu plus facile à partir avec la caisse, ou à bacler le travail pour clore le dossier au plus vite, et à moindres frais.
Par ailleurs, l'objectif d'Agate a toujours été de démocratiser le jeu de rôles, dans tous les sens du terme. Cela se retrouve dans la structure du projet "dragons", mais aussi dans tous les financements participatifs précédents qui ont eu lieu pour Esteren (qui est d'ailleurs relativement bon marché, surtout en considérant que le livret d'intitation de cette gamme, qui compte tout de même une petite centaine de pages et trois scénarios, est mis à disposition gratuitement, pour tous, sous format PDF).
Connaissant ces circonstances, j'ai du mal à croire aux manoeuvres de requin qu'on pourrait leur prêter.
Ce n'est pas pour autant que je croie que BBE ne soit pas sincère dans sa colère (mais comme je ne les connais pas bien, je ne peux pas en dire beaucoup plus).
En fait, j'ai plutôt l'impression que la situation actuelle est le résultat de deux perceptions différentes, qui ne se sont pas assez rencontrées à cause (entre autres) d'un mauvais timing.
Les deux éditeurs ont probablement mûri leur projet en parallèle depuis longtemps sans prendre contact avec l'autre, et ont lancé leur campagne de financement en même temps à cause de la date de publication du SRD, commune à tous.
Ce qui implique donc qu'aussi bien Agate que BBE comptaient réellement consacrer une partie de leur budget à la traduction, au départ.
Puis BBE a proposé à Agate de leur fournir gratuitement leur traduction, car elle en était à un stade plus avancé, ce qui profitait à tout le monde au final (notamment parce que les deux projets devenaient plus complémentaires, moins concurrentiels, ce qui correspont à la situation que j'avais décrite précédemment).
La dessus, Agate a tenu à participer à la rémunération des traducteurs de BBE à hauteur de 2000 EUR, et consacrer le reste des montants perçus pour l'amélioration de ses productions (ce qui est logique, sinon leur financement participatif n'aurait plus eu lieu d'être...).
D'un certain point de vue, cela permettait à Agate de faire un geste qu'elle estimait probablement sincèrement généreux et participatif, tout en maintenant la raison d'être de son projet (déjà financé à ce moment-là).
D'un autre côté, BBE a très bien pu percevoir cette somme comme insuffisante, donc insultante, et le maintien du projet d'Agate dans sa forme actuelle comme une tentative de concurrence agressive.
Et comme les deux maisons d'édition ne sont actuellement pas dans un contexte serein (un financement participatif, surtout de cette ampleur, étant très émotionnel), avec une communication qui a un peu dû se faire à la dernière minute des deux côtés, cela a pu donner ce genre de résultat.
Il est par ailleurs à noter que ces deux maisons d'édition ne sont pas seules à blâmer pour le caractère précipité de cette collaboration : les décisions outre-atlantique de Wizards of the Coast (qui ont elles aussi été prises dans un contexte particulier, que je ne connais pas) de mettre à disposition de façon assez abrupte un SRD gratuit et exploitable par tous a probablement contribué à la situation actuelle.
Bref, tout cela pour dire que la situation est probablement beaucoup moins manichéenne qu'il n'y paraît, et qu'il me semble à la fois réducteur et précipité de parler de "manoeuvres" de part et d'autres (j'ai en effet aussi lu la théorie selon laquelle ce billet serait en fait une manoeuvre de BBE pour tacler Agate... je ne crois pas vraiment à cette hypothèse non plus).
Personnellement, je ne peux qu'espérer qu'un dialogue de part et d'autre permettra d'aplanir ces difficultés, et que les deux maisons d'édition connaissent le succès escompté pour le plus grand bien du jeu de rôle en général, et de ceux dont c'est la passion.
Le résultat de ce dialogue risque cependant d'être fortement influencé par le comportement des souscripteurs : si des clans "pro" et "anti" se forment, il est certain que cela mettra une pression sur les deux éditeurs, et que cela ne facilitera pas la sérénité de leurs échanges.
En revanche, tous les souscripteurs et commentateurs, indépendamment de leurs préférences personnelles, poussent plutôt l'optique de la collaboration après réconciliation pour que le jeu de rôles en sorte grandi, alors une solution positive et satisfaisante pour tous sera nettement plus envisageable, car les deux éditeurs discuteront dans un climat plus positif.
Pour résumer, je reprendrai les mots de Romain d'Huissier :
Totalement représentatif du milieu, au contraire justement.
En rappelant que ce milieu, ce sont aussi les rôlistes eux-mêmes qui le font.