L'illustration ne dépeint pas forcément une prothèse... regardez bien la longueur de l'avant-bras, notamment en vous fiant à la pliure du coude.
Vous verrez par vous-même qu'il s'agit plus vraisemblablement d'un gant de manipulation, qui prolonge le membre de chair du magientiste. Sa véritable main se trouve bien à l'intérieur, mais plus proche de son coude, et elle est reliée à des actuateurs qui permettent aux doigts mécaniques de reproduire ses mouvements, de manière limitée.
De fait, une prothèse mécanique capable de remplacer un membre pose un problème qui reste pour l'instant difficile à résoudre par les magientistes : l'interface système nerveux/prothèse. C'est la grosse difficulté.
Une parade possible, ça serait d'utiliser un réseau de mékônes, mais ça offre deux difficultés supplémentaires :
- c'est super-invasif, parce que si je veux remplacer ma main, par exemple, ça veut dire en plus implanter des mêkones dans le reste de mon corps.
- l'interface directe reste limitée. Un magientiste peut se servir de ses mékônes pour activer ou alimenter un artefact, pas forcément pour lui transmettre des données détaillées. D'autant que pour pouvoir les transmettre, il faudrait déjà être en mesure de les capter, enregistrer et interpréter, puis de trouver un moyen pour le magientiste de coder ses instructions pour les envoyer à la prothèse.
Ne pas oublier que la magience reste une science steampunk qui ne doit pas trop déséquilibrer le contexte dans son ensemble. Nous effleurons à peine dans notre propre monde le principe de l'interface neurale, même si nous connaissons les prothèses mécaniques simples depuis un bon moment, nous commençons à peine à concevoir des membres artificiels capables de fluidité et de rapidité aux performances comparables à des membres humains (pour nos propres robots par exemple), et en ce qui concerne la prothèse cybernétique, on a encore du boulot...
Ce que ça veut dire, parce que la question ne nous a pas échappé, c'est qu'on va devoir caler minutieusement en coulisses quelles sont les limites à ce que la magience peut faire en matière de robotique et de cybernétique, voire d'intelligence artificielle. Il serait tentant, et on a déjà jeté des trucs là-dessus sur les chantiers en cours, de se poser la question des automates dotés d'une certaine autonomie par exemple. Mais il faut que la réponse qu'on y apporte reste vraisemblable, c'est à dire :
- pourquoi ils existent
- quelles sont leurs limites physiques
- sont-ils pourvus d'une "intelligence" adaptative, voire d'une véritable intelligence artificielle, ou avons nous affaire à de simples mécanismes d'horlogerie perfectionnée
- sont-ils assez faciles à réaliser pour qu'il en existe plusieurs sortes, voire que sur le Continent par exemple, les magientistes les produisent en quantité. Le cas échéant, quel impact cela a t'il en termes sociaux, économiques, en ce qui concerne la puissance militaire de la confédération, etc.
Comme vous pouvez le voir, nous avançons pas à pas, pour éviter justement les fausses bonnes idées, le truc qui semble super-intéressant, et puis qui bazarde pas mal de choses ou les rend bien plus difficiles à justifier.
Le principe de considérer la prothèse cybernétique, au sens moderne du terme, donc, le membre mécanique capable d'imiter de manière satisfaisante (même si pas forcément égale ou supérieure) le membre d'origine, comme un des graal de la magience a deux raisons :
- pour montrer que c'est une science qui malgré ses nombreux siècles d'existence possède des limites, des obstacles qui lui demeurent infranchissables. C'est un exemple, mais il y en a d'autres.
- pour poser d'entrée de jeu un principe simple : la magience n'est pas conçue pour être "on fait n'importe nawak qui nous passe par la tête, c'est cool". C'est un élément de contexte, qui doit donc être développé par rapport au reste du contexte. Et on s'est pris ça en pleine poire, par la nature même de notre projet collectif.
Par exemple, il avait été fait le choix de créer des navires volants, c'est un choix qui a soulevé pas mal de questions à posteriori, pour lesquels nous avons des réponses (il y a les réponses locales, tri-kazéliennes, et plus générales, aussi), pour éviter que ces appareils ne prolifèrent. Mais à l'époque, pas mal de concepts sur le Flux, son utilisation, ses conséquences, etc, n'étaient pas détaillés. C'est en cherchant ces réponses que nous avons pu affiner d'autres concepts.
Tout ça pour dire quoi : c'est un processus de construction continue. N'importe qui peut avoir des idées, mais elles ont besoin de s'articuler entre elles de manière vraisemblable pour avoir leur véritable pertinence. Quand le travail implique plusieurs personnes, et s'étale sur des années, et est remanié ou réorienté en cours de route, chaque nouvel élément apparemment génial, ou qui semble anodin, peut remettre beaucoup de choses en question.
Et c'est quelque chose qui nous accompagnera encore un bon moment. Ca se simplifiera un peu au fur et à mesure que des jalons seront posés, mais n'allez pas imaginer qu'on a déjà tout fixé et qu'on le distille ensuite petit à petit. Il y a beaucoup d'idées, brassées, remises en question, rejetées, ressorties, remaniées, remises encore en question, etc... et malgré tout, on est pas à l'abri d'une erreur, loin s'en faut