Les Ombres d'Esteren - Forum officiel

Bonjour à tous.


*** Avant Propos ***

Je prend un peu de mon temps pour vous présenter un peu mon univers, mon lieu de travail, en somme, une petite tranche de la vie d'un illustrateur.

> Ce sujet reste un fil de discussion, il est donc ouvert à tous, aux questions, aux impressions, aux critiques (bonnes ou mauvaises) éventuellement aux polémiques et aux débats selon si certains ont d'autres manières de voir... c'est aussi comme ça que l'on progresse et que les choses avancent, changent.

"Jour après jour" (selon mon emploi du temps) je proposerai une étape, commentée, de l'évolution de ce travail.

Il y aura un référencement sous forme de liens sur ce premier thread, afin de retrouver chacune les étapes dans le fil de ce topic.

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*** Espace de Navigation ***

ici seront référencés les liens vers les différentes étapes :


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Avant toutes choses, il convient de se présenter convenablement.

Je m'appelle Frédéric Pinson suis originaire de Mayenne (dans la Mayenne, département 53), et vis à Croutelle (une commune de la communauté de Poitiers ) dans le 86 (Vienne) avec ma compagne pacsette et notre chat. Je suis officiellement Illutrateur en freelance depuis 2007 (sur les papiers administratifs) mais commence uniquement a faire valoir mon travail en tant que tel, disons tout du moins depuis 2010. Si j'avais à me justifier, les raisons sont tout simplement que dans ce domaine, il faut savoir ou on va, et démarcher proprement, avec des boulots solides. Il m'aura fallu 2 bonnes années pour considérer mon travail "montrable" et "vendable" ... c'est bien entendu tres subjectif, mais je fais parti de ces gens qui placent la barre tres haut.

Mon cursus est relativement long, et à la fois très simple et orienté. Apres un bac L spécialité Arts plastiques, J'ai fait 3 années aux Beaux-Arts (1 à Lorient, et 2 à Le Mans) passons les détails inintéressants, c'est un cursus qui ne m'aura pas convenu, pour les raisons simple que les beaux arts, malgré leur couverture très "ouverte d'esprit" ne sont pas réellement une école pour des gens qui envisagent une carrière et figurative, et strictement professionnelle.
Il m'aura fallu 2 années à vide ( pendant lesquelles j'ai surtout bossé dans le milieu de la pub & l'imprimerie ) pour enfin me diriger vers l'école Pivaut (à Nantes) une école privée d'arts graphiques, en section "dessin narratif". Ma première année en poche, je choisi la branche BD (c'était ça, ou dessin animé pour lequel je n'avais ni aucun talent ni aucun intérêt).
Apres 2 autres années en BD, je suis diplômé... en ayant présenté aucune planche BD ( classe ) par un jury de professionnels (entre autres philippe Bouvret (bob's), didier Graffet, et aleksi Briclot) et autres noms de la BD que je n'aurai pas retenu ( pardon pour eux ). Par la suite, j'ai travaillé 2 années en imprimerie afin d'engranger suffisamment de fonds pour pouvoir me lancer convenablement.

Ça, c'est pour la biographie sommaire.
Au niveau de la technique, je suis polyvalent : même si il m'aura fallu un certain temps pour me mettre au numérique, je commence petit à petit a m'y faire, c'est comme toute technique graphique, il faut ses repères, ses habitudes, et développer sa propre sensibilité... ce qui n'est pas toujours simple avec les brosses de base photoshop. Comme pour le tradi, je suis un peu passé en mode polyvalent, selon les besoins, j'oscille entre painter IX, Photoshop CS3 et ArtRage studio 3.
Pour le tradi, je reste loyal à l'acrylique, qui, malgré ses défauts pour le travail figuratif reste une technique rapide et sensitive (c'est une peinture de matière en fait, et la matière, pour l'édition, ça n'a pas grande utilité). Quand j'ai le temps (c'est à dire jamais) je travaille à l'huile, qui reste, pour moi, le meilleur médium tradi qui existe : les couleurs se lient naturellement, on peut travailler la surface très longtemps. J'ai acheté récemment du siccatif alkyde... qui fait sécher la peinture en 1 journée au lieu de 2 semaines... je testerai un de ces 4 ). J'envisage de produire au moins une pièce à l'huile pour les Ombres, j'espère en 2011. Le problème du travail tradi, vous le verrez, reste son temps de production, qui impose un travail rigoureux, solide, qui explique sa disparation progressive dans le domaine de l'édition.

Avant de vous présenter le travail sur l'Urzal, je vous invite rapidement à découvrir mon espace de travail au travers de 2 photos légendées de gauche a droite :



Voici mon Bureau, une planche sur 2 tréteaux ( j'ai une table à dessin également, mais le transport serait fastidieux, et ce bureau me convient amplement ) là ou je passe la majeure partie de ma journée donc.
1. la pile de Art-books et autres documentations : importantes, pour les références, la culture etc... selon les boulots que je travaille, j'ai toujours un ou deux bouquins de référence pas loin qui tournent, selon le sujet en cours.
2. le répertoire : Illustrateur : c'est entre-autre, un boulot de commercial j'ai un répertoire, fourni d'une bonne centaine d'adresses, qui me servent lors des démarchages.
3. la trousse : pleine de crayons ! incontournable
4. le carnet de croquis : j'essaye de noter le plus possible sur un carnet à part, mes idées, réflexions, ça évite que ça traine partout, et permet d'etre plus facilement référencé, et rappelé en cas de besoins. Il à tendance à me suivre partout
5. la lampe "lumière du jour" : une lampe de chevet, avec une ampoule dite "lumière du jour" qui reproduit une lumière sensiblement équivalente a celle du soleil (sans les U.V) qui permet quand je travaille en tradi et le soir, de rester dans une ambiance lumineuse "naturelle"
6. les pot de pinceaux : je garde toujours sous la main un certain nombre de pinceaux, qui tournent selon les boulots.
7. l'actualité : ma compagne me fournit régulièrement des articles qui peuvent m'intéresser (elle s'occupe de la revue de presse de la région) en ce moment, c'est plein pot sur Angoulême.
8. "Voyages" : j'ai honte... mais il me sert à recouvrir ma tablette graphique quand je ne travailles pas (histoire que le chat ne griffe pas la tablette par mégarde)
9. le café : entre 2 et 3 mugs par jour, je ne peux pas vivre sans. je sais : c'est trop, mais bon j'essaye de réduire, et je ne fume plus (depuis 2 ans !) donc je compense.
10. les Post-it™ : super utile quand on a zéro mémoire comme moi, je les découpe, et les colle au besoin sur le calendrier.
11. L'Intuos 4™ : un lourd investissement (pas loin de 500€), que je regrette de moins en moins (surtout depuis que je l'ai paramétrée a les besoins) ça reste une excellente tablette graphique, l'interface analogique, qui semble, au premier abord, être un gadget, devient réellement indispensable quand on l'a paramétrée et qu'on s'y est faite (zoom et taille de pinceau en quelques coups de doigts, ctrlZ / Alt / Ctrl / espace / accessibles en juste 1 bouton et ce, paramétrable par logiciel (ça, ça déchire) mon seul regret au final, c'est de l'avoir achetée 2/3 mois avant que Wacom la sorte en wi-fi ( les fils, c'est pénible )
12. Les DvD de Kaamelott : les journées sont parfois longues, et je pense qu'il est important, d'avoir un moyen de se détendre tout en travaillant. (et j'adore kaamelott )
13. mon écran 22" , il a déja 5 ans... ce petit, mais une qualité de rémanence optimale pour un tft, et surtout... calibré
14. le calendrier 2011 (de didier graffet!) : tous les ans, ma compagne m'offre le calendrier annuel de didier, ça me permet d'avoir un joli calendrier, et d'organiser mon planning.
15. la poche à dessins : j'y stocke tous mes boulots terminés et non cadrés et de format large, et également, mon papier vierge (78x60 ... c'est très bien là dedans). Un vestige de l'école pivaut, et l'unique fourniture de l'école que je n'ai jamais regretté.
16. mon téléphone portable : toujours à portée de main! pour un maximum de réactivité.



Voici le coté "stockage" de mon atelier, une zone transitoire pour mon matériel ( légendée de gauche a droite et du bas vers le haut )

1. la chatte et son arbre : important d'avoir un animal également, et j'adore les chats, malgré le fait que j'y sois allergique.
2. le compresseur : (on ne le voit pas trop) pour mon aérographe( un achat que je n'ai jamais regretté non plus ). Tres utile l'aérographe ! on y reviendra dans ce W.I.P et je pense que vous pourrez facilement visualiser a quel point cet outil est utile.
3. le carton a dessin : pour stocker les dessins de taille A3 et moins. avec également, un support en médium, pour tendre mes "toiles" (enfin mon papier), je dispose de plusieurs formats : 80x60 à 25x30
4. les palettes de peinture
5. le matériel "complémentaire" de peinture : gouaches, médiums à peindre, gesso, drawing gum. tout ce qui sert en plus de la peinture classique.
6. la pile de "dragon magazine" (une référence toujorus utile) et ma table lumineuse... un outil magique, c'est un simple néon, en forme de table A3, qui permet de "calquer" un dessin, directement d'une feuille à l'autre :très utile quand on veux reprendre un croquis et sans utiliser de calque ( imprécis, et fastidieux )
7. le reste de mes pinceaux, et mes Liquitex™:Heavy Body, de loin, la meilleure gamme acrylique : une peinture onctueuse, tres opaque, possédant une tres vaste gamme colorée, avec une gamme de prix encore raisonnable pour ce niveau de qualité... à mon avis, indétrônable
8. les boulots transitoires: ici je stocke mes boulots plus ou moins récents, afin d'y accéder rapidement. soit pour les utiliser, soit pour les cadrer plus tard.
9. les "beaux livres" : il y a un peu de tout, du JDR, du Art-Book, de la documentation animalière, et des BD. ils transitent tous, régulièrement, de cette étagère sur mon bureau.

Bien, je pense en avoir suffisamment dit sur moi, maintenant, passons à ce qui importe le plus : le Work-In-Progress d'une commande d'Esteren pas encore parue : l'Urzal.

Je présenterai, petit à petit, ma manière de travailler. C'est volontairement, que j'ai choisi un des rares travaux effectués en traditionnel, tout simplement parce que c'est à mon avis, une méthode qui chez-moi, est rodée, j'improvise toujours un peu, bien sûr, mais ma méthode numérique est beaucoup plus chaotique.
Je travaille l'image numérique un peu "en temps réel" selon les envies, et l'évolution. En tradi, ça n'est pas réellement possible : on peut changer des choses, en ajouter d'autres, mais la méthode se doit d'être respectée... sous peine de perdre beaucoup de temps, voire de pourrir totalement le travail. Encore qu'en acrylique, vous le verrez, on peux toujours revenir en opacité, et remplacer totalement une zone.
Meme si au final, on trouve des similitudes entre la manière de travailler en numérique et en tradi.

A venir, donc, la première partie du travail sur l'Urzal: la commande, les recherches préparatoires et la mise en place du support (eh oui! on est dans le tradi).

Super initiative ! Vivement la suite !

[1ère étape]: La Phase de Recherches et La Mise en place du Support


*** La Phase de Recherches ***


De manière générale, comme tous, l'illustrateur est soumis au meme syndrome de la page blanche. La différence avec l'outil informatique aujourd'hui, c'est qu'il n'inflige aucune culpabilité vis-a-vis du croquis : on peut chercher, modeler, revenir en arrière, augmenter la taille, faire des rotations, triturer dans tous les sens.
Néanmoins, le problème reste toujours plus ou moins le même, il faut partir sur quelque chose.
Ma méthode est multiple, mais je pars toujours sur une phase de recherche "spontanée": quand je reçois la commande, je la lis une fois rapidement, ici, je me forme une première image... qui va directement partir sur un carnet de croquis, je vais ensuite relire 2 ou 3 fois le texte, afin d'y surligner les détails. selon le besoin, l'envie, l'avancement, je vais également répertorier ces détails sous forme de croquis, et diverses recherches. Un bon design, c'est un design travaillé, avec des annotations sur les cotés, des petits insères de détails etc...
Toujours pendant la phase de recherche, je vais pas mal envoyer du croquis, et me servir du carnet qui a tendance à me suivre partout, afin de ne pas oublier une idée...
J'ai une très mauvaise mémoire, alors je pallie à ce défaut avec les outils a ma disposition. Accessoirement, ces recherches et autres idées peuvent toujours servir une autre cause plus tard.
Ma phase de recherches n'est pas organisée: je pense design, compo, couleurs, formes, masses tout ça ensemble, j'essaye de ne surtout pas me brider à une mécanique de recherche spécifique, c'est un brainstorming, mais en solo...
Pour l'Urzal, la commande était vraiment a part : il fallait un feondas ouvertement dangereux, agressif et violent, le genre de créature que l'on fuit sans trop se poser de question, la contrainte était de rester subtil... dans mes recherches j'ai essayé de partir dans ce sens, mais a chaque fois, je me retrouvais a crayonner une masse très visible, et assez peu subtile. Du coup, j'ai pris sur moi d'assumer ce fait et de rester dans le " très monté"... rien à faire, sur la commande, on était clairement pas dans un archétype de créature qui fait dans le furtif, et pourtant, je pense qu'elle en est capable...
Aujourd'hui encore, je pense que j'aborderais différemment cette illustration. mais c'est aussi comme ça qu'on évolue.
C'était quand même une commande à part, je suis parti dans plusieurs directions, et les ai toutes assumées au final, mais j'ai gardé une ligne de conduite : il fallait un travail vif, brut et vivant... je pense avec du recul, que par endroits, je suis encore trop parti dans le "doux" plutôt que de laisser des coups de pinceaux visibles.

Arrive un moment ou je compile le travail de recherches, j'ai scanné ici une partie de mes recherches les plus "lisibles" ... je dois avouer que le croquis est quelque chose de particulièrement personnel pour un dessinateur, en général, je suis le seul capable de déchiffrer les petits dessins que j'accumule sur mes carnets.



Dans le travail de recherches, figure également ce que l'on nomme "la documentation" c'est le moment ou je vais chercher des images, des textures afin de compiler un maximum de crédibilité...dans le cas de l'urzal, il fallait une forme d'ours, alors bien évidemment, je suis parti sur cette base.
Le réflexe de base aujourd'hui, se situe dans l'internet... ça devient même trop systématique parfois... internet c'est bien, mais c'est parfois très limité, et dans certains cas... tres peu documenté. Pour certaines choses ( les armures par exemple ) je me fie plus facilement aux livres, souvent des sources plus sûre. Pour le cas de l'urzal, je voulais surtout des ours... là, pas trop de risque, néanmoins, ça restait la forme de base.
pour les animaux, je dispose de 3 livres très instructifs : les félins, les oiseaux, les chevaux.. avec ça, on compile déjà une bonne base de l'anatomie animale "classique"

Au fil du temps, je finis par avoir un croquis qui me semble exploitable. Il faut savoir que quand je travaille un croquis qui me plait, je le pousse vite "a fond"... j'y ajoute des détails, et surtout, j'y place un maximum de valeurs, afin de délimiter mes ombres et mes lumières. c'est important, car ce croquis me sert de référence, en fait, une fois parti en peinture, j'aurais toujours ce croquis a coté de moi, afin de garder l'image finale en tête, et ne pas oublier un petit détail. ( bon, j'ai une seconde méthode, mais là, je ne l'ai pas trop appliquée )**

*** La Mise En Place ***


Mon croquis étant terminé, jugé satisfaisant, et accepté par le D(irecteur)A(rtistique) ( dans le cas d'Esteren, Nel, donc ) j'en fais une reproduction A3 après l'avoir agrandi sous photoshop.
Cette reproduction va passer sous la table lumineuse, sur laquelle je vais poser mon papier à peindre.
Petit aparté sur ce détail, j'utilise un peu de tout en guise de papier, selon les besoins, les envies. Je ne travaille jamais en dessous de 225g/m², en général, je tourne a 260-280, l'acrylique est une peinture très aqueuse il faut donc un papier résistant, et vous allez comprendre pourquoi également, quand je vais "tendre" ce papier. J'utilise, en général, un papier Arches™ qui est normalement un papier à aquarelle ( bah oui, c'est une peinture fortement aqueuse aussi ) qui sert aussi beaucoup en gravure, sinon je tourne au Montval (Canson™) qui est un papier effet "toilé" ou juste le canson classique ( le 224g qu'on achète en magasin ou en fournitures scolaires est un excellent papier et peu onéreux )
Le papier Arches disposes de différents textures de base ( torchon, gaufré, satiné etc... ) chacune de ses textures se ressent sur le scan final.
pour ce travail, j'ai volontairement choisi de travailler sur un Arches gaufré afin de retenir un maximum les coups de pinceaux, et donner un petit effet "rugeux" a la peinture.
Je calque donc, grâce à ma table lumineuse, le croquis sur mon papier, le plus simplement, et le plus rapidement possible, je n'ai besoin que d'une trace crayon afin de positionner le tout dans ma page.



Une fois cette étape terminé, je vais "tendre" ma feuille sur un support en bois... tendre une feuille, c'est comme tendre une toile:

¤ l'intérêt ?
Eh bien c'est simple, je vais travailler en "jus" ( on y reviendra plus tard ) donc avec beaucoup d'eau... malgré l'épaisseur du papier, il va gondoler... c'est inévitable avec une peinture à l'eau ( ça l'est déja avec l'huile ).
le tout, est donc de tendre la feuille sur un support,de manière à travailler sur une feuille qui ne s'étirera et ne gondolera plus.

¤ comment faire ?
Je dispose de plusieurs châssis en bois ( médium et aggloméré... les 2 sont tres bien ) de tailles différentes. variant du A4, en passant par le A3, et un châssis A2.
Sur la feuille qui porte le croquis, je vais humidifier ( tres franchement), à l'aide d'une éponge, le dos de la feuille, je vais ensuite, placer cette feuille, sur le support.
et enfin, pour faire tenir cette feuille, je vais "scotcher" les bords a l'aide de craft gommé.

Le craft gommé c'est quoi ? vous voyez le papier à lettre en craft ? le truc qu'on lèche tout dégueu ? bah c'est ça ! mais en bandes et avec une colle bien plus résistante que le truc a 2 ronds qu'on met pour les lettres, c'est extrêmement résistant.
ça sert en encadrement, pour tenir les châssis, on s'en sert aussi pour faire des les meubles en carton et solidifier leurs arêtes.
je met donc mes bandelettes de craft sur chaque coté...
Et j'attends que la toile sèche, en séchant, l'eau, qui avait dilaté la feuille, va faire se contracter la feuille, alors retenue par le craft gommé. la feuille subis donc une pression relativement puissante et se retrouve tendue comme une peau de tambour ( mon châssis 80x60 est un peu courbé de 4/5 mm à peu près ..c'est assez impressionnant la puissance que ça représente ).
L'avantage également, de ce procédé, c'est qu'une fois la peinture terminée, la feuille restera toujours toute plate... ça aide pour le scan !

vous pouvez voir un peu sur le screenshot ce que représente la toile terminée, avec le craft autour.

Voila, mon châssis est prêt, ma toile tendue, mon croquis posé, il me reste encore 2 choses à faire avant d'avoir un canevas prêt à peindre :

1°) encrer les bases solides de l'image

2°)appliquer un "jus de calibrage"

Je reviens sur cette couleur référée plus haut avec mes ** plutôt que d'utiliser un croquis poussé, il m'arrive également de travailler sur un croquis encré qui apporte une stabilité a l'image, et me permet de coloriser le tout, sans jamais rien oublier.



Pour ce travail, j'ai employé la première méthode, à savoir : croquis simple, encrage succin, principalement parce que d'une : mon croquis n'était pas SI précis, et que j'avais réservé beaucoup de place a l'improvisation sur ce travail. Deuxièmement parce qu'un travail d'encrage "propre" prends une bonne journée de travail, et que j'avais clairement pas envie de partir sur un tel chantier.

> les avantages de l'encrage précis :
- une stabilité : on ne peux rien oublier sur l'image, puisque le dessin reste visible presque en permanence.
- la possibilité de garder des "contrastes forts" pour plus tard : enfait, le noir de l'encre, sera recouvert petit a petit par l'acrylique, et se coloriser progressivement, ainsi, un orange posé en jus, sur ce noir, va se transformer en un marron léger... ce qui permet de garder des ombres, et des lumières fortes, posées en pâte, progressivement. l'image est donc nettement plus stucturée.
> ses inconvénients :
- le temps : encrer c'est super long
- le coté "dessiné" : malgré tout, les traits de contours apparaitront toujours un peu. meme si l'acyclique est super opaque, il y aura toujours une petite trace apparente, dans certains cas, c'est quelque chose qui peut poser un problème ( ca peux donner un coté un peu comics/BD" qui n'est pas nécessairement voulu.

Le "jus de calibrage"

késako ?

Tout simplement un jus de peinture, qui va servir de 'ligne conductrice. un jus de peinture? c'est de la peinture noyée dans l'eau, en somme, il n'y a pas de matière, juste de la couleur. En acrylique, il y a 2 moyens d'éclaircir une couleur : y mélanger une couleur plus claire ( du blanc, par exemple ), ou y ajouter de l'eau . mais dans tous les cas, la dilution a l'eau sera toujours la meilleure méthode pour ajouter de la luminosité a une couleur ( en acrylique je parle ! )

En somme, je vais positionner " une couleur conductrice" qui va guider mes jus précédents. c'est un peu compliqué, mais je vais expliquer avec mon choix ici présent :
je décide de partir sur un ocre jaune donc une valeur chaude...en somme, a chaque fois que j'ajouterai une couleur sur mon travail, il sera automatiquement mélangé a cet ocre jaune, gardant ainsi, une teinte un peu terre, et jaune lumineuse. j'aurais pu partir sur un bleu "métallique" pour une ambiance neigeuse, mais là, je veux un truc chaud.
En somme, a force de successions de jus, on retrouvera toujours cette teinte un peu ocrée, le seul moyen de s'en débarrasser, sera de le recouvrir avec une peinture "opaque" "en pâte" ( sans eau )
ça me permet de gagner beaucoup de temps pour la suite et dans mes mélanges de couleurs, puisque, je n'aurai plus à systématiquement ajouter une teinte chaude.



Voila ! une fois ce jus de calibrage sec ! mon châssis est terminé, et jeu peux partir en couleur, pour de bon. La mise en place est terminée...

NB: notez déjà sur cette photo, on peux voir des effets de matière apportés par le grain du papier, là ou la peinture est un peu plus "matièrée" (sur le bas de l'image, principalement).

Rebonjour

voila, j'ai un tout petit peu de temps, alors je vais me pencher sur la suite de ce WIP

[2ème étape]: L'Exécution

*** première partie : "dégrossir" l'image ***


En général, je fais souvent un rough couleur, avant de partir en peinture, ça me permet de me conforter, de savoir ou je vais. Je ne m'estime pas encore assez aguerri pour partir en couleur sans avoir au préalable préparé quelques essais. néanmoins, dans ce cas, c'est ce que j'ai fait, je n'avais aucune recherche, aucune idée de par ou partir, excepté les indications spécifiques a la commande.

Puisque je pars sans savoir ou je vais, je vais faire ce que l'on appelle, dégrossir l'image. en somme, je vais mettre des jus colorés, aux endroits importants, afin que mon image soit lisible et visuellement "terminée" alors qu'il n'y a que quelques jus de couleur. En effet, en couleur, on peut tres bien obtenir une belle image en quelques couleurs et formes bien placées ( c'est le principe du "speed painting" ) une fois ces couleurs et vlaeurs placées, il n'y a plus qu'a préciser, peaufiner détailler.

Afin de se réconforter, et afin de se lancer, surtout, il existe en acrylique une base de travail, qui consiste à partir sur les ombres. délimiter les ombres ça va permettre de se lancer sur la couleur, qui est une étape important a passer quand on travaille en peinture... en numérique, on a moins ce problème, vu qu'on peux retirer un calque, effacer etc...
le travail des ombres, permet également de stabiliser le reste de l'image, et de commencer à fusionner les traits d'encrage.
Un autre détail qui a son importance... cette étape me permet également de placer ma lumière même si, sur mon croquis elle est déjà présente, j'ai, dorénavant, placé ma lumière directe. En général, j'utilise une règle tres simple pour les ombres "à lumière chaude, ombre froide et inversement" c'est une règle que je n'ai d'ailleurs pas respectée dans ce cas. je suis parti, un peu instinctivement, sur une terre d'ombre brûlée ( lisez un marron foncé tres chaud )



Ensuite, je vais dégrossir rapidement la partie du décor... je suis dans un paysage de forêt, je pars donc tres simplement, sur un vert tout simple. et trace rapidement, au lavis, les feuillages.
J'en profite également pour "harmoniser" le tout, en "liant" les couleurs.

ah... encore une phrase d'artiste qui veux rien dire :

C'est simple, une bonne image, c'est une image qui plait au cerveau, et le cerveau a certaines bases immuables. De manière générale on utilise les couleurs du décor pour les réinjecter dans les personnages... pourquoi ?
parce que ça permet d'harmoniser, par principe de physique, la lumière se reflète sur le corps humain, ainsi, dans une ambiance de foret un peu verte, on va remettre un peu de ce vert dans les couleurs des corps... afin d'obtenir un mélange coloré harmonieux. ensuite, une image a souvent plsu d'impact quand les éléments se "rattachent" entre eux, qu'ils gardent une certaine uniformité.
Ainsi, je vais commencer a placer des petits jus de vert sur l'animal, pour la raison cité précédemment, mais également pour 2 autres raisons : mes ombres sont trop chaudes ( je l'avais dit plus haut ) et c'est un féondas, et dans la commande, il est en partie végétal autant donc, commencer a intégrer un peu de vert dans la bête de manière a y mêler une soupçon de crédibilité ( l'œil, et le cerveau sont bête... même si les formes ne sont pas définies, le vert sera forcément référé au végétal ).



Je continue à dégrossir l'image en indiquant maintenant quelques information de valeurs : sur le fond, je veux une ambiance un peu synthétique, qui pars vers le bleuté, glacial, je veux une forêt un peu inquiétante et froide en fond, avec une lumière froide. je commence donc, a intégrer quelques notions de lumières fortes de ci de là, avec un turquoise très franc, qui sera par la suite, recouvert de glacis*

En même temps, je profite de mon marron pour indiquer des "mouvements" avec des coups de pinceaux un peu projetés, un peu vifs, secs, de manière à apporter un effet de vigueur. Je lie l'animal au décor également, en plaçant avec la même manière des jus de vert "chauds" pour contrebalancer un peu avec le froid du fond. ça ajoute petit à petit, des effets de "terre projetée", brut. je profite également de cette couleur pour parsemer un peu toute la partie herbe du décor ( la premier plan, et l'arbre ).
Je commence également à apporter plus de crédibilité en silhouettant avec cette même couleur très rapidement, des arbres : il ne faut jamais grand chose pour suggérer un décor, le cerveau fait le reste du travail.
Toujours pendant cette étape, je travaille avec un pinceau très "lâché" par a-coups, de temps en temps, je projette la peinture par saccades. Le but est d'obtenir un effet vivant, brut, en général, ce type genre de méthode permet d'obtenir des petits accidents de peinture hasardeux. C'est comme ça par exemple que va se profiler une forme de "mousse" sur l'arbre au premier plan, que je trouve relativement réussie, et qui ne va plus bouger du reste de l'image d'ailleurs.



Arrivé à ce stade, j'ai terminé de dégrossir mon image : elle existe,on visualise déja beaucoup mieux comment elle va se décliner. Maintenant que mes jus sont placés, je vais passer à la phase de détaillage, on verra ça plus tard, mais a partir de maintenant, je vais travailler avec une peinture nettement plus opaque, plus en matière. Jusqu'à maintenant, mon mélange de peinture était à 80-90% d'eau. Pour la suite, je vais travailler en opacité, avec des mélanges entre 10% ( juste la pointe du pinceau humidifiée ) et 50% d'eau, selon les besoins.
En somme, je vais marquer ma feuille, faire des choix, préciser le tout, et avancer en précision, morceau par morceau, tout en utilisant comme base, tout l'étape précédemment travaillée.

Il faut savoir, qu'en acrylique, on travaille toujours du sombre vers le clair. Cette peinture étant très opaque, on va toujours partir du noir et le décliner vers le blanc, on travaille donc en luminosité : c'est la lumière que l'on peint vous aurez le loisir de découvrir ça dans la suite de ce tutoriel.

¤ Glossaire :

* le glacis, c'est un jus de calibrage intermédiaire, c'est à dire que la couleur est passée avec un jus d'eau, et va effectuer un mélange des deux couleur, et donc, soit atténuer, soit accentuer la couleur du dessous . Sur photoshop le glacis représenterai un claque en mode "overlay" ou "multiply" ou un simple claque avec une opacité nettement baissée ( 45-65% )

Et bin on peu dire que t'es outillé toi Mon plan de travail est bien moins encombré depuis que je travaille sur palette graphique.
Sinon comme a ton habitude tes postes son trés riches d'enseignement. Tu aurais fait un excellent prof . Continue comme çà!!!

Oui c'est clairement excellent comme fil de discussion! Merci Fred

Me voila enfin sorti d'un rush long de deux semaines... ouf !

Je peux enfin prendre un peu de temps pour répondre ^^.

Oui, je suis pas mal outillé : aquarelle & crayons aquarellables ( ultra pratique je trouve ) , acrylique, huiles le tout accompagné des médiums qui me correspondent le plus. J'ai construit tout ça au fil des années, a force d'acheter un tube par ci, un tube par là, des occasions qui se présentent ( l'aéro je l'ai payé une misère, une promo dans un magasin de bricolage ( oui... de bricolage... il déstockaient étrangement )

En tout, je crois que dans ma gamme acrylique, j'en ai pour une belle petite somme, environ 600 euros grosso modo, ce qui correspond sensiblement au prix de ma tablette graphique... Ca reste également un investissement a long terme, je ne consomme que très peu de peinture, car je travaille en semi-pâte, jus et lavis. certains tubes que j'ai depuis 5 ans commencent à peine à rendre l'âme. le seul tube qui a fais les frais de mes abus, c'est le gris de payne... j'en consomme 1 par an en moyenne, vu que c'est une couleur assez magique ( un gris sombre bleuté/violassé qui fait des ombres parfaites et se mélange à toutes les couleurs.

Pour le coté "prof" je me connais des dons de pédagogue, j'ai également un excellent sens de la critique et une bonne faculté d'analyse ( sauf sur mon propre travail mais c'est normal )...ce sont des points forts que je connais et que je travaille régulièrement, mais je doute que prof soit pour moi, autant j'aime la transmission de savoir, autant je pense qu'en matière de dessin et d'image, je serais un gros pénible, avec une exigence probablement trop élevée pour des élèves... j'ai connu un prof comme ça et je l'ai pas aimé... je pense que je serais pareil.

enfin, merci pour les coms. et je reprend le fil des que j'ai un peu plus de temps... normalement, ce week end.

C'est vraiment un travail remarquable. Donc tu travaille en majorité avec de l'acrylique ? Tu as des phases de "retouches" sur ordinateur avec la palette graphique ?

En fait en termes de compliment, dire juste que "c'est beau" me parait un peu réducteur ^^". Je veux dire que c'est un travail sublime, et qu'avec mes gribouilles sur petits carreaux, le chemin est encore long...

Terrea a écrit :C'est vraiment un travail remarquable. Donc tu travaille en majorité avec de l'acrylique ? Tu as des phases de "retouches" sur ordinateur avec la palette graphique ?

En fait en termes de compliment, dire juste que "c'est beau" me parait un peu réducteur ^^". Je veux dire que c'est un travail sublime, et qu'avec mes gribouilles sur petits carreaux, le chemin est encore long...

Merci

Aujourd'hui, je travaille, "malheureusement", en majorité avec le numérique, qui offre plus de sécurité, plus d'assurance et surtout plus de rapidité, au détriment ( à moins avis ) de la précision et la justesse.

Je retouche toujours à plus ou moins grande échelle mes travaux à l'acrylique, déjà parce que entre le moment ou j'ai scanné, et le moment ou le travail est terminé, il se passe au moins une journée, donc j'ai un temps de recul qui me permet de visualiser plus facilement mes erreurs, et les corriger, ensuite, parce que certaines modifications sont plus simples à ajouter à l'ordi ( les rayons de lumière... par exemple )

En ce qui concerne les gribouilles et les petits carreaux, le dessin est affaire de temps, d'observation, d'abnégation et d'obstination ( aussi ) ensuite, entre dessiner pour son plaisir et en guise de travail, il y a un gouffre.

En ce qui concerne les gribouilles et les petits carreaux, le dessin est affaire de temps, d'observation, d'abnégation et d'obstination ( aussi ) ensuite, entre dessiner pour son plaisir et en guise de travail, il y a un gouffre.

Un avis que je partage parfaitement. Le dessin reste pour moins un moyen d'évasion, mais me permet également de me mettre en recherche d'une ambiance ou d'une tronche de personnage. La plupart du temps mes personnages ne dépasse jamais la taille du buste, un petit dessin parfait pour garder en tête de ce que verrons mes joueurs.

Bon courage, et j'attend avec impatience, la suite de ton sujet