De l'horreur gothique

Discussions autour de l'univers d'Esteren et sa gamme de livres.
Iris
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Re: De l'horreur gothique

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Message par Iris » 07 nov. 2012, 20:29

Coucou !

J'ajouterais, dans la ligne "littéraire" que l'horreur et la tragédie ne sont pas nécessairement lié :
  • ça finit mal
  • MAIS le héros tragique sait dès le début quel est le problème, le jeu tragique est une réflexion autour d'une question en grande partie claire & établie d'entrée de jeu
  • TANDIS QUE l'horreur est une découverte
  • la tragédie traite de nobles (vous connaissez beaucoup de paysans en tragédie ?)
  • l'horreur massacre allègrement dans toutes les classes sociales (même si... le célibataire mâle oisif rentier domine sur le XIXe et début XXe s.)
  • la tragédie vise officiellement la noble catharsis qui rétablit l'harmonie sociale
  • l'horreur détruit, elle broie, car la révélation qu'elle offre ne peut être transcendante puisqu'elle se situe dans une perspective où l'humain est seul, sans entité bienveillante pour le protéger et le guider... point d'harmonie ni de morale


... c'était la minute pas utile : Horreur et Tragédie, non c'est pas parce que ça finit aussi mal que c'est aisément comparable ! :P (pour certaines tragédies du XVIe s. anglais... pourtant... on est bien dans la ... tragédie horrifique... limite gore même ... ce qui est un superbe contre exemple apparent :lol: ... mais les lignes entre horrifique et horreur restent tout de même séparées...


De sorte que je reste plus ou moins dans l'idée que les notions de "héros" et "horreur" sont peu compatibles :P (si on aime être casse-pied dans les définitions, hein ! :mrgreen: )
Si je ne suis pas là, vous pouvez me trouver ici ou ou par MP.

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iznurda
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Message par iznurda » 07 nov. 2012, 22:30

Dans la tragédie le problème est identifié très tôt mais les héros sont toujours soutenus par l'espoir de triompher du Destin. Hélas plus ils avancent et résistent et plus ils se rendent compte qu'irrémédiablement ils avancent vers leur fin annoncée. Face à cela la réaction pourra être l'acceptation, et donc le fatalisme, mais également le rejet, la révolte face à l'horreur de cette situation intolérable. Le dernier refuge reste le déni et la folie : si je crois autre chose alors ce sera le cas.

La tragédie utilise d'ailleurs régulièrement l'horreur pour renforcer le côté monstrueux et impitoyable du destin. L'horreur physique, par l'emploi de nombreuses créatures fabuleuses et effrayantes. La tragédie antique est peuplée de demi-dieux, de cyclopes, centaures, faunes et autres entités mythiques. Oedipe croise le sphynx et joue sa vie sur une énigme. Mais l'horreur spychologique est aussi employée par la tragédie en confrontant bien malgré aux tabous culturels en vigueur. Oedipe, encore lui, se rend coupable d'nceste par ignorance et son bonheur temporaire est balayé par l'horreur de la révélation.

Alors oui, quelque-part le héros tragique a cette grandeur évidente dans son combat perdu d'avance qu'on est obligé de l'admirer, ne serait-ce que pour sa force d'âme. Mais est-ce pour cela que les héros de l'Horrible, notamment ceux issus du fantastique, sont des sous-héros ? Qui n'a pas frémi en lisant le Horla ? Qui ne s'est pas senti fasciné devant le portrait de Dorian Gray ?

Dans la Tragédie ou l'Horreur le héros affronte l'adversité, qu'elle soit extérieure ou interne. Le héros se révolte, agit. Qu'il y parvienne ou non n'a d'ailleurs pas d'importance en définitive car seule la lutte donne du sens à l'héroïsme.

Je ne pense d'ailleurs pas que l'Horreur doive nécessairement mal finir car dans ce cas l'adversaire peut être terrassé, ou du moins repoussé suffisamment loin pour ne plus constituer une menace.

iz

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Pwyll
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Message par Pwyll » 07 nov. 2012, 22:41

Je contre en reculant un Bernard Montiel sur un chameau kaki sur la case 23.
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Message par Clovis » 08 nov. 2012, 12:03

Tu ne peux pas : Raffarin fait du cyclisme sous-marin en centre pénitencier à Ouagadougou
Allez, come on, allons-y, here we go, en avant, godspeed, hardi, let's do this!

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Message par Pwyll » 08 nov. 2012, 12:16

Joli contre, Clovis...

Dans ce cas je fais le triple huit sur la case mystère et je jongle avec une loutre. Passe.

Bon, refermons cette parenthèse Kamoulox, désolé d'avoir totalement déraillé du sujet, je n'ai pas pu m'empêcher, on était trop haut dans les sphères de l'analyse comparative ! :p

Pour essayer de recoller les morceaux :

Je ne pense pas qu'on puisse totalement appliquer les schémas du tragique ou de l'horreur littéraire au jeu de rôle.

Certes, on peut parfaitement les utiliser pour dépeindre l'Univers du jeu et pour évoquer une ambiance durant une partie.

Toutefois, la limite survient toujours dans l'imprévisibilité du déroulement de l'histoire, puisqu'elle n'est pas écrite entièrement à l'avance, contrairement aux œuvres littéraires.

Je sais que je ne fais que rappeler une évidence, mais cela me semblait nécessaire dans la mesure où la discussion commence à s'orienter sur le destin du héros, qu'il soit tragique ou issu du genre de l'horreur. Tout dépend en réalité du degré de liberté que le MJ est prêt à appliquer dans ses parties. S'il accepte la possibilité d'une mort ou d'un succès inattendus du fait d'un comportement particulièrement bête/téméraires/héroïque/suicidaire/génial d'un personnage, alors, quoi qu'il en soit, on ne sait pas ce qu'il adviendra du (des) héros à la fin ou avant la fin du récit.
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Message par iznurda » 08 nov. 2012, 18:50

Je ne suis pas vraiment d'accord car cela occulte toute notion de campagne. Je ne concois personnellement pas une campagne sans une thématique et un cap à tenir. Peut importe ce que font les joueurs, de toute manière l'histoire les rattrapera d'une manière ou d'une autre. Dans ce contexte la tragédie est possible. Ce n'est par contre pas une option facile et reste donc exceptionnelle mais elle reste plausible. Pour l'horreur, au contraire, elle permet de jalonner le périple et donner un ton héroïque à l'équipée des joueurs.

Je t'accorde qu'en JDR tout ne peut (et ne doit pas) être écrit à l'avance mais cela n'invalide pas pour autant les fondamentaux du tragique et de l'horrifique.

iz

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Message par Pwyll » 08 nov. 2012, 19:45

Je soulignais juste la limite de la comparaison entre littérature et JdR, bien sûr qu'une campagne peut s'inscrire dans le tragique ou l'horreur !

C'est juste que dans une campagne on ne fait que prendre des ingrédients par-ci par-là pour concocter ce qu'on veut obtenir.
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Message par iznurda » 08 nov. 2012, 20:35

Oui, mais c'est lié au média et non à l'essence du tragique ou de l'horreur.

Cela m'amène à me demander ce qui, en dehors des féondas, caractérise l'horreur dans les OdE ?

iz

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Re: De l'horreur gothique

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Message par Glass » 08 nov. 2012, 23:01

Cela m'amène à me demander ce qui, en dehors des féondas, caractérise l'horreur dans les OdE ?
Les secrets. L'inconnu. Car comme le disait le bon vieux Howard Phillips :
L'émotion la plus ancienne et la plus forte en l'homme est la peur; et la peur la plus ancienne et la plus forte en l'homme est la peur de l'inconnu.
"Ne t'en inquiète pas, jeune savant, il est parfois préférable que certaines énigmes demeurent..."

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Message par Clovis » 09 nov. 2012, 00:56

Une référence bien placée à notre cher H.L.P. C'est bien amené ça.

En effet, je crois que l'inconnu est une des grandes mamelles à exploiter pour cultiver l'horreur, l'excitation, l'incertitude, etc. dans les Ombres d'Esteren : dans l'idéal, il faut que les joueurs soient toujours plus ou moins dans un état de questionnement quant à l'univers dans lequel ils vivent et ce qu'ils sont en train de faire. Cela peut aller de grandes questions métaphysiques du style "D'où vient la puissance de l'Exaltation ?" à des problèmes plus terre-à-terre mais bien cornéliens tels que "Comment dois-je réagir au fait que mon Ansailéir pactise secrètement avec les bandits du coin pour protéger mon village natal ?"

En fait, pour prendre la question dans son sens plus large, je dirais que ce sur quoi il faut bien mettre l'accent dans Esteren, c'est, en essence, l'humanité. C'est un des ingrédients majeures de la littérature gothique, et également lovecraftienne : quand un être humain se rend compte qu'il n'est qu'un grain de poussière à l'aune temporelle et matérielle de toutes choses, et que son existence n'a pas plus de valeur qu'une goutte d'eau dans un désert, c'est là qu'on touche aux fondements de l'horreur qui peuvent pousser jusqu'à la folie. Que ce soit en se retrouvant confronté à une horreur cthulhuesque indicible ou au simple fait de crever seul et abandonné après un glissement de terrain, l'être humain perd alors ses soutiens, ses repères, ses croyances, et son esprit se retrouve à nu, ravagé par le néant glacé auquel il est confronté (poétique ça, il faudra que je le ressorte).

Bref, je m'efforce personnellement toujours d'accentuer le côté humain de l'aventure esterenienne : oui, tu es un guerrier osag avec une hache à deux mains, les Avantages "Colosse" et "Bonne Santé", une cotte de mailles, et un 10 en Discipline (Hache), mais ça veut quand même dire que tu peux mourir d'une grêle de flèches tirée par de la piétaille de base... ou d'une mauvaise chute, tout bonnement. Cependant, il faut aussi mettre le côté "espoir" de la chose en avant, en faisant comprendre aux joueurs qu'en agissant intelligemment et en unissant leurs efforts, ils peuvent mettre des choses conséquentes en branle.


Bon, ça fait un long laïus, et pour la dernière partie, tout cela est même déjà bien abordé dans le Livre 1, mais il faut croire que le sujet a enflammé mon inspiration !
Allez, come on, allons-y, here we go, en avant, godspeed, hardi, let's do this!

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