Hello!
Pour l'ansaléir, je fais une distinction entre les osags et le reste. Pour les osags, oui, ce titre peut encore avoir la valeur de "chef de clan". Par contre, dans le système féodal, cette notion a perdu sa valeur originelle pour devenir un simple statut de chef de village, non noble. C'est une continuation logique de ma vision selon laquelle la féodalité a durablement remplacé l'ancien système clanique traditionnel, faisant du même coup disparaître les anciennes structures sociales et traditions au point qu'il ne subsiste que des noms pour certaines.
Concrètement, cela implique qu'un ansaléir n'a théoriquement pas droit de justice (puisque toute justice temporelle est l'apanage de la noblesse) ou d'ost. Donc, un ansaléir a uniquement le droit d'armer sa population pour défendre son village, mais pas d'entretenir une armée régulière ou d'effectuer d'importants mouvements de troupe, par exemple. Ceci avec les nuances que j'ai évoquées plus haut (le seigneur local peut manifester un certain degré de tolérance,etc).
Niveau ronces, cela implique qu'ils ne peuvent être jugés par un ansaléir/conseil du village (bien que théoriquement, ils ne puissent pas être jugés par des nobles non plus, puisqu'ils ne rendent des comptes qu'à leur ordre), et qu'ils peuvent être un palliatif très apprécié au manque de forces armées professionnelles dans les régions rurales.
Un ansaléir confronté à une bande de brigands particulièrement dangereuse n'a par exemple pas le droit de constituer une force armée pour donner l'assaut du repaire des brigands sans l'assentiment de son seigneur (mais il a le droit d'armer sa population dans le cas où ladite bande donne directement l'assaut du village). En revanche, l'ordre des ronces a ce droit, ce qui fait qu'ils peuvent constituer la seule alternative possible pour une communauté lorsque son seigneur n'agit pas contre certaines menaces.
(Et là, vous pouvez imaginer toutes les pistes de scénar possibles et imaginables sur le groupe de pj chargé d'aller demander de l'aide au seigneur local ou aux ronces pour régler un problème qu'un village n'a ni le droit ni le pouvoir de régler seul...)
Sinon, en ce qui concerne les relations entre classes sociales :
Pour les places à table, d'accord pour le "bon vouloir de l'hôte". Il ne faudrait pas alourdir les parties en décidant qu'Yldiane n'a pas le droit de s'asseoir à côté du duc de Gorm et de lui faire la causette parce qu'il y a 5 ou 6 nobles qui passent avant elle dans le protocole. Mais le MJ peut souligner que c'est un honneur exceptionnel (ou un traquenard exceptionnellement sournois).
Personnellement, je ne vois pas de problème d'alourdissement des parties si il existe un protocole strict. Au contraire, cela rajoute une touche de réalisme et donne des opportunités de rôleplay intéressantes pour les nobles. Donc oui, sauf circonstances exceptionnelles, Yldiane ne sera pas autorisée à approcher ou à s'entretenir avec le duc de Gorm et, en cas de banquet, se situera à une table très loin de lui. Par contre, le chevalier-ronce de la troupe pourra jouer le rôle de porte-parole pour le groupe, puisque son statut lui donne davantage de droits de s'entretenir avec un duc. D'où l'intérêt d'avoir un noble dans le groupe, en fait.
Evidemment, les choses peuvent être différentes dans une seigneurie locale, où la population est plus réduite et le protocole moins formel.
Enfin, je nuancerais encore quelques conclusions de ton résumé :
- les ronces sont des chevaliers, donc petit noblesse d'armes.
Seuls les chevaliers de l'ordre ont ce statut, pas le reste. De plus, c'est une noblesse un peu spéciale, qui répond à un système de règles à part (tribunaux spécifiques à l'ordre, par exemple).
- Ils font vœux de renonciation et de non attachement autre qu'à l'ordre. Les nobles entrant dans l'ordre ne peuvent donc hériter ou se marier.
Pour moi, ils le peuvent, mais les héritages et dot sont alors donnés à l'ordre. En fait, le mariage fait automatiquement rentrer le conjoint dans l'ordre (mais sans fonction ou titre spécifique au sein de celui-ci).
Au passage, je précise que pour moi, l'ordre n'est pas constitué que de chevaliers et écuyers. Il y a aussi une grosse partie de l'ordre qui est constituée d'administrateurs, serviteurs, travailleurs, hommes d'armes, famille de chevaliers, etc.
Bref, l'ordre se comporte vraiment comme une société parallèle à la société féodale traditionnelle. Un peu comme les ordres religieux militaires du moyen-âge, qui avaient des commanderies, en somme. (D'ailleurs, la série "la commanderie" illustre bien ça, avec la commanderie d'Assier qui doit compter 4 chevaliers sur tout un domaine comptant gardes, paysans, artisans, médecins, etc.)
Donc, l'ordre est avant tout une grosse machine administrative à mes yeux, dans laquelle les chevaliers constituent une élite privilégiée et minoritaire (bien que le fonctionnement méritocratique de l'ordre offre davantage de perspectives aux roturiers que dans le système traditionnel).
Dans cette vision, Quentin Evrard est certes une légende de l'ordre, mais c'est aussi l'original idéaliste de service, le parangon du chevalier errant et solitaire, ce qui constitue plutôt une exception que la norme dans l'ordre (raison pour laquelle il déprime, d'ailleurs).
Sinon, je suis d'accord sur tout le reste.