Merci pour ces réponses, Iris!
Ceci dit, certains points restent un peu obscurs pour moi :
1) Il me semble que la tendance à considérer la noblesse européenne médiévale comme une caste héréditaire privilégiée date de bien avant la constitution des villes.
Quoi qu'il en soit,
j'ai compris le système féodal tri-kazélien comme suit : la noblesse constitue bien une caste héréditaire à part, disposant de certains privilèges propres qui la distinguent de la roture.
Ces privilèges sont les suivants :
- le vasselage : seul un noble peut s'engager dans une relation vassalique. Le vassal promet loyauté et assistance au suzerain, qui en retour promet protection et subsistance à son vassal. La "subsistance" peut prendre la forme de terres (le fief), ou d'un entretien plus direct (logement, nourriture, matériel...), comme c'est le cas pour de nombreux chevaliers et intendants sans fief.
L'adoubement (= l'octroi du titre de chevalier) est une forme de vasselage à connotation militaire.
- le fief : un noble peut être seigneur d'un fief, c'est-à-dire une terre obtenue d'un suzerain en échange d'un serment de vassalité. Ce fief s'accompagne de droits pour le seigneur fieffé : lever l'impôt, rendre la justice et lever l'ost. Un roturier, lui, peut être propriétaire d'une terre (même sans redevance), mais ne dispose pas de ces privilèges.
Il est à noter que le seigneur fieffé n'est pas réellement propriétaire de sa terre : il la tient de son suzerain, qui la tient lui-même de son suzerain, etc... jusqu'au roi. Ce n'est donc pas la propriété de la terre qui est héréditaire, mais la charge et les privilèges qui y sont associés.
- La justice : un noble peut rendre la justice sur son fief s'il en a un, et peut être appelé à rendre la justice sur une terre sans seigneur par la population locale. En revanche, un noble ne peut JAMAIS être jugé par un roturier : il ne peut l'être que par son suzerain (ou un suzerain plus haut placé) ou par une assemblée de ses pairs.
- L'impôt : un seigneur fieffé a le droit de lever l'impôt dans le territoire de son fief (donc il peut aussi imposer ses vassaux). Il ne peut jamais être imposé par la roture ou par un vassal, mais a un "devoir de protection et d'assistance" de son peuple. Ce devoir est en général interprété strictement entre suzerains et vassaux nobles, et nettement plus souplement vis-à-vis de la roture.
- L'Ost : un seigneur fieffé peut lever son ost, c'est-à-dire commander à tous ses vassaux et aux roturiers de son fief de se rallier derrière sa bannière, en une armée dont il assure le commandement. Dans la pratique, un seigneur fieffé fera le plus souvent appel à ses vassaux (la plupart du temps, les chevaliers non fieffés en premier) ainsi qu'à ses soldats de métier. Il ne fera en général appel à sa population armée (ceux qui ont fait leur service d'ost ou qui sont occupés à le faire, qui correspondent à une sorte de "milice") qu'en dernier recours.
La hiérarchie militaire vassalique est distincte et supérieure à la hiérarchie militaire "classique" : un roturier ne pourra JAMAIS commander militairement à un noble, quel que soit leur grade respectif (un capitaine de la garde n'a donc aucune autorité sur le jeune fils du seigneur qui n'est qu'écuyer). Par contre, l'inverse peut être vrai, si le commandant noble réel en donne la permission expresse ou tacite (un chevalier peut ainsi prendre le commandement d'un détachement d'hommes d'armes, pour autant que le seigneur qui a autorité sur ces hommes d'armes y consente).
Vous comprenez maintenant pourquoi je proposais de faire du statut social un avantage payant en XP?
On se retrouve donc avec un système légèrement plus "égalitaire" que le moyen-âge (pas de servage, par exemple), dans lequel l'institution de la ville autonome avec charte n'existe pas (puisque chaque ville semble être dirigée par un noble : Kel-Loar et Tulg ont leur duc et duchesse, Farl a son prince, etc).
Dans ce schéma, j'ai un peu du mal à caser les ronces.
Je les vois bien suivre une logique pseudo-féodale : en gros, l'ordre est une sorte de "super-seigneur" dont le suzerain serait la péninsule toute entière, ce qui a probablement été décidé du temps où les trois rois se réunissaient encore régulièrement dans la forteresse située à l'intersection des trois royaumes. Du coup, lorsqu'ils recoivent une terre, ils ne doivent pas s'engager dans un nouveau serment de vasselage, puisque le vasselage ordre-péninsule existe déjà.
Cela explique aussi que les ronces puissent gérer leur structure comme ils veulent, en marge du système vassalique classique : ils n'ont qu'un suzerain au-dessus d'eux, et ce "suzerain" n'est plus à même de leur donner d'ordres depuis que les trois rois ne se réunissent plus.
Et c'est là que se pose mon problème : les ronces ont-ils profité de cette autonomie pour créer une structure méritocratique, c'est-à-dire qui ne fait pas la distinction entre nobles et roturiers pour accéder au titre de chevalier? Ou au contraire, ont-ils conservé certains principes qui régissent la noblesse "classique", en ne donnant l'accès au titre de chevalier qu'aux personnes d'ascendance noble?
2) Je n'ai pas compris l'argument selon lequel presque aucun PJ ne pourrait être ronce si le fait d'être d'ascendance noble était une condition sine qua non pour devenir chevalier dans cet ordre. Après tout, on peut bien choisir de faire un personnage noble à la création, non?
3) Les ronces ont vraiment fait voeu de chasteté???
4) Je suis d'accord sur le fait que les ronces soient titulaires de garanties et privilèges, mais je me pose encore trois questions :
- Quel droit leur appliquer? Ils ont des tribunaux internes et un droit propre, ou pas? De même, ont-ils un droit de justice en cas de litige sur une terre sans seigneur?
- Dans le cas où le fait de nommer chevaliers des roturiers serait une pratique courante dans cet ordre, n'y a-t-il pas un certain mépris de la noblesse vassalique par rapport à ces chevaliers, considérés comme des parvenus?
- Dans le cas contraire (= seuls des nobles de naissance peuvent être chevaliers), quel est le statut des roturiers hommes d'armes? Bénéficient-t-ils du "privilège de juridiction" (et donc sont jugés par les ronces eux-mêmes), ou tombent-ils sous l'empire de la loi féodale classique (= peuvent être jugés sur les terres du seigneur sur lesquelles le litige s'est produit)?
Voilà voilà... désolé d'avoir fait long et complexe, encore une fois...