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par Pénombre » 28 févr. 2011, 09:41
Il y a trois polarités du pouvoir en Gwidre, même si les gens des royaumes voisins ne voient que le coup de "la nation du Temple qui contrôle tout".
- le Temple a effectivement un fort pouvoir, et il dispose non seulement d'un monopole spirituel mais aussi d'une organisation administrative et de forces armées, choses assez inédites pour une culture habituée à des guides spirituels plutôt dispersés et peu organisés.
- les familles nobles, qui comme partout ailleurs jouent ce double jeu qui consiste à se montrer au moins en apparence respectueux envers le pouvoir royal tout en préservant au maximum leurs intérêts individuels (d'abord), ceux de leur classe sociale (ensuite) et ceux de la nation (enfin). Avec toutes les variantes possibles, évidemment : nobles loyaux, patriotes convaincus, hypocrites mielleux et dévots du Temple plus ou moins austères ou même agressifs.
- le pouvoir royal. Légalement, il a toujours été un pouvoir réel, comme la partie qui traite de la justice le montre d'ailleurs. Ce pouvoir dispose de ses propres ressources, et de ses propres forces armées. Il dépend des autres mais le souverain actuel, au cas où ça ne serait pas clair, est un homme déterminé à recentrer la nation autour du trône (et de sa propre personne qui l'occupe actuellement).
Le Gwidre est bien plus unifié sur le plan idéologique des trois factions que ses voisins, certes, mais il y a autant de tensions en son sein qu'en Reizh ou en Taol-Kaer.
Grosso modo :
- en Gwidre : tension entre le trône et l'église, avec les nobles dans le coup et évidemment les tensions internes à l'église du Temple elle-même (rivalités entre différents ordres, congrégations, approches du dogme, sur lesquelles on reviendra certainement plus en détail dans le futur, ambitions personnelles contrecarrées, etc.). Les relations avec les autres royaumes sont glaciales, bien que le commerce transfrontalier soit constant. Mais les demorthèn n'ont pas droit de cité officiel dans le royaume, et les seuls magientistes qui y existent sont des gens assujettis à l'église. Cependant, le pouvoir royal en a certainement quelques uns sous le coude, justement pour ne pas se priver de cet atout et ne pas avoir à passer par le Temple pour accéder à cette science. Ce qui crée encore des tensions supplémentaires. Je sais pas si on détaillera ce point précis par la suite (tellement de choses à dire déjà) mais voilà.
- en Reizh : la première confrontation est celle entre les demorthèn (et vous verrez qu'ils sont plus divisés qu'on ne le pense à propos de la magience) et les magientistes (qui eux même sont à la fois plein de divisions internes mais également d'optiques divergentes sur les demorthèn et la culture péninsulaire, qui est aussi leur culture). On a aussi un pouvoir royal chancelant par certains aspects, et la pression d'une bourgeoisie artisanale et lettrée qui émerge en force en adoptant les techniques (mais aussi les établissements d'enseignements) magientistes. Les relations avec le Gwidre sont très froides (bien qu'il existe quelques églises de l'Unique en Reizh, notamment à Farl par exemple) et celles avec Taol-Kaer se sont dégradées ces dernières décennies, après le rapprochement notable dù à la guerre du Temple. On fait bon accueil aux étrangers mais pas à ceux qui sont affiliés au Temple, ou à l'ordre des chevaliers hilderins (accrochages aux frontières pour d'obscures histoires de brigandage...).
- en Taol-Kaer : le pouvoir royal est stable mais doit toujours compter à la fois avec certains des ducs assez réticents et avec la présence des tribus Osags. Les demorthèn sont présents en force, mais là aussi divisés (notamment, ceux des tribus qui sont déjà peu enclins à respecter le trône n'apprécient aucunement qu'Algwich Dert soit conseiller royal depuis quelques décennies déjà, par exemple). Magience et Temple sont accueillis avec davantage de méfiance dans les montagnes de l'ouest (notamment parce que c'est là que la plupart des affrontements de la guerre eurent lieu) mais il y a une église à la capitale et d'autres en divers endroits du royaume (un vieux monastère dans le val de Dearg par exemple) et plusieurs magientistes ont des patentes royales ou sont notablement présents dans les grandes cités (sans parler de leur rôle dans la reconstruction d'Osta-Baille qui a permis à la cité de devenir la nouvelle capitale). Au niveau politique extérieure : les relations avec Reizh sont bonnes, mais entachées de méfiance et de double jeu. Celles avec Gwidre sont pour l'essentiel circonspectes et on s'inquiète surtout de la présence d'ordres combattants dans les délégations ou les établissements religieux autorisés en Taol-Kaer. L'ordre hilderin s'affiche de plus en plus comme le bras armé de la couronne (disons plutôt "une force d'intervention plus mobile que les armées royales régulières, dont le trône use parfois de curieuse manière") et cela commence à se voir, voire à poser problème non seulement aux grands nobles, mais à certaines populations aussi.
Pour en revenir au Gwidre : il y a des armées royales, ainsi que des hommes d'armes seigneuriaux. Le Temple n'a pas de milice officiellement (en dehors de ses combattants écclesiastiques : les lames, les sigires et certaines congrégations monastiques) mais il a bel et bien le contrôle effectif (administratif et militaire y compris) d'endroits comme Fionnfuar par exemple. Là, on peut avoir localement une administration civile et même des milices qui n'en fassent pas partie mais soient sous l'autorité du Temple. Ailleurs, on reste dans un système féodal et il y a bien une séparation des prérogatives et des privilèges du clergé et de la noblesse.
Il est important de ne pas tomber dans le parallèle historique médiéval : Le Temple est la religion officielle de Gwidre depuis moins de 150 ans, et on est dans cette situation particulière de gens qui sont tous membres d'une même culture et ont les mêmes origines, et dont la société se repositionne par des idéologies étrangères qu'ils tentent de concilier avec leurs propres racines. Dans quelques générations, les choses seront certainement plus proches de ce qu'on a pu connaitre en France "fille ainée de l'église" à certaines époques. Mais on en est pas encore là et plus on s'éloigne des centres de pouvoir du Temple (la capitale, les cités comme Gouvran ou Fionnfuar...), plus son clergé doit composer avec les forces en place. Si sa prédominance a été reconnue en matière de spiritualité, les nobles aux frontières se sentent souvent plus proches des gens du val d'à coté (même s'ils se sont mis sur la figure deux générations plus tôt) que d'un pouvoir royal ou religieux distant qui a la prétention d'enfreindre sur leurs habitudes.
Bref, la conquête spirituelle des gwidrites par la foi de l'Unique est très avancée, presque achevée en fait, mais pas totale et l'ascendant du Temple sur la noblesse qui a embrassé sa foi est moins monolithique qu'on peut le croire. Quand à la puissance politique du Temple en Gwidre, si elle a pu lui permettre de jouer un rôle énorme dans la guerre il y a cinquante ans, cela n'est plus le cas à l'époque : cette guerre n'a rien donné de concluant pour justifier son coùt humain, matériel et politique, et le roi actuel du Gwidre a su capitaliser dessus, aussi, pour contrecarrer encore l'influence du clergé. Qui lui-même doit certainement abriter quelques discrets débats sur l'intérêt et l'issue du conflit en question.
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