
Découverte du jeu de rôles et public "adulte"?
Je vois cette problématique sous une autre approche, issue de mon vécu personnel.Nelyhann a écrit :
La quête initiatique
L'un de vous a signifié que le JDR avait cette particularité de nécessiter une sorte de mentor, un meneur qui va vous initier. J'ai moi même commencé comme ça. Mais comment ont débuté les premiers meneurs ? On peut se demander et c'est intéressant de reprendre l'histoire du JDR. Car au départ, on était quand même assez proche du wargame. Et ça correspond au style de jeu adolescent (je force le trait hein, bien sûr peut continuer à s'éclater sur ce type de jeu ensuite, ce n'est pas péjoratif). En cela Andor ou Conan sont des jeux de société qui peuvent avoir leur rôle à jouer dans l'initiation des plus jeunes. Si je devais produire le design d'une boîte d'initiation Esteren pour enfant/ado, je mettrais l'accent sur le dungeon crawl en mode "feondas dans la caverne / attaque dans la forêt / marais etc etc". Ou alors dans une approche bataille rangée type Seigneur de guerre.
De nos jours, quelque chose a changé : on a des trentenaires qui ont une vraie culture geek / JDP et qui voudraient se lancer dans le JDR. J'ai l'impression que ce type de public existait moins dans les 70 quand est né DD. Aujourd'hui, j'ai du mal à percevoir quelque chose pour eux dans l'offre proposée par le JDR sur table. Ce public m'intéresse : en discutant avec eux, un certain nombre se tournent du coup pour les murder et le GN. Sincèrement, en terme de prise de tête d'organisation, de temps, de ressources, c'est quand même sévère ! Donc, de mon point de vue, le soucis ne vient pas tant d'un manque de temps mais plutôt d'une inadéquation des formats actuels. Bien sûr, il doit exister d'autres facteurs à cette problématique.
En très court : je pense qu'à côté de l'axe enfant/adulte, il faut envisager les choses selon la perspective "Rôleplay/Rollplay", qui est aussi, voire plus importante à mes yeux.
En plus développé : cette réflexion de mon parcours de rôliste, qui explique pourquoi Esteren était LE jeu que j'attendais depuis mes débuts, sans oser espérer son existence (et là, déjà, un immensissime MERCI aux auteurs pour avoir transformé ce rêve en réalité!!!).
En ce qui me concerne, j'ai "débuté" le jeu de rôles avec les livres dont vous êtes le héros (la série "quête du Graal" en particulier), warhammer battle et Heroquest (le jeu de société).
Le coeur de ma motivation, déjà à l'époque, ce n'était pas le jeu, mais l'histoire qu'il racontait.
Bien plus tard, j'ai découvert le "vrai" jeu de rôles avec D&D 3.5, et déjà là, quelque chose me chiffonnait lorsque j'ai commencer à maîtriser : la place trop importante des règles (et leur horrible longueur), le côté artificiel de la progression (tu as assez d'XP? Pionce un coup et réveille-toi plus fort, plus beau, plus intelligent, tout en découvrant que tu parles une autre langue et que tu sais tricoter alors que tu n'a jamais tenu une aiguille de ta vie!) et de l'univers (le multiraces, et la guérison bien trop facile surtout.)
Déjà là, je tentais de bidouiller les règles pour que ce jeu se transforme en ce qu'il n'était pas : un jeu d'ambiance, réaliste, avec des humains uniquement. Ce qui était très peu satisfaisant.
Puis j'ai découvert Ars Magica, un jeu un peu plus dans mon style : on y joue que des humains, la progression est logique (on investit dans des compétences plutôt que dans des niveaux globaux), et l'univers est relativement réaliste (une blessure signifie plusieurs jours de guérison, et même la magie ne permet dans la plupart des cas pas de les faire disparaître instantanément). Le problème d'Ars Magica, c'est la lourdeur de ses règles : TOUT est prévu, et il faut calculer tout le temps...
Bref, encore un jeu qui me convenait "presque", mais pas tout à fait, à cause de la trop grande place occupée par les règles et le calcul.
Puis j'ai découvert Esteren, le messie : un univers gothique et réaliste, extrêmement profond, et des règles légères optimisées jusqu'au moindre atome pour l'ambiance et le rôle.
Alleluia!
Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m'a fait du bien de savoir que ce jeu existait!!!
Que conclure de cette expérience (unique et non généralisable)? Que le principal attrait d'Esteren, outre le côté "réaliste" de son background, était son orientation résolument "rôle" plutôt que "règles".
Du coup, de mon point de vue, je pense que vouloir faire de l'initiation du JDR "pour adultes" n'est pas la bonne approche : le jeu est déjà adulte parce que son backround l'est, et que ses règles sont réalistes.
D'ailleurs, s'il fallait faire une version "enfant-ado" d'Esteren, il suffirait d'enlever la santé mentale, de rendre les points de santé évolutifs, et de peupler l'univers de races Tiny toon, avec le design graphique qui va avec.
Ce qui est nettement plus intéressant, en revanche, c'est d'envisager Esteren dans ce qu'il apporte réellement, et pour lequel il n'existe pas ou peu d'initiation pour l'instant : l'aspect "poétique", "rôle" et "hisoire" du jeu de rôles.
Pour les jeux "à règles", il existe une foultitude de canaux d'initiation : wargame, jeu vidéo, jeux de société type Conan/Andor, chroniques oubliées...
Mais qu'existe-t-il comme initiation pour des jeux dont l'essence même est le rôle, l'ambiance, l'histoire avant les règles? C'est là, je pense qu'il y a un vide à combler actuellement... Vide qu'Esteren a le potentiel de combler, vu son orientation!
